Monday, August 16, 2010

MAURIZIO BIANCHI - erthion -


MAURIZIO BIANCHI - erthion -
YGR 34
CD-R (7€ + postage)
+ double poster by Jonas Delaborde & Hendrik Hegray + pictures by Federica Ravanelli + insert by Steve Billet


Bianchi began to produce music in 1979, since 1980 using electronic equipment with the avowed goal "to produce technological sounds and in such a way to work on complete realising of the modern decadence". In the beginning, he published tapes under the alias Sacher-Pelz. Until 1984, Bianchi published on other labels intensively as either MB or simply Maurizio Bianchi, sometimes several albums and/or tapes per year, as well as numerous tracks to compilations. Bianchi became religious and withdrew himself from the music business. Much of his work is sought today by collectors, especially as they appeared in extremely small editions.
Soundohm

Poster by Jonas Delaborde & Hendrik Hegray (Nazi Knife, Frederic Magazine, Kaugummi Books, Shoboshobo Books, ...)

j'avais plus allumé la télé depuis deux ou trois ans. je savais pas ce que c'était Maurizio Bianchi. enfin bref. dans le jardin. à Eghezée. il y avait deux grands piquets et un long fil entre les deux pour pendre le linge. on faisait le goal à l'intérieur des deux piquets. c'était un peu injuste pour le gardien. mais on s'amusait quand même bien. le ballon finissait souvent dans les sapins juste derrière le goal. on passait plus de temps à retrouver la balle qu'à jouer au foot. un jour. on s'est donc dit qu'on était fait pour explorer. chercher. on a commencé par s'inscrire à un stage de l'ADEPS. un stage de planche à voile. puis un stage de voile. pour voyager quoi. pour s'acheter un voilier. partir à l'aventure. vous voyez le genre. on l'a évidemment jamais fait. oui. les stages c'était bien. mais on a préféré faire les malins en lisant Blaise Cendrars et à en parler aux filles qui s'en foutaient. que traverser l'atlantique pour découvrir l'amérique. bref. on avait pas la carrure de nos héros. il a fallu du temps pour l'admettre. le temps d'avoir un peu plus de poils sur le torse. maius avant. fin des années 90. passage d'un siècle à l'autre. chez une cousine. avec des enfants partout. 0h01. tout le monde regarde l'ordinateur. il n'a pas explosé. ça va donc recommencer.
Yves Billet, 2010.

1984. il aurait pu faire facile. la référence à Orwell par exemple. faire semblant d'être un jouet cassé. il s'est contenté de partir. d'être loin de nous. ou ce serait plutôt l'inverse. nous qui étions loin de lui. mettre de la distance alors qu'il était toujours là. nous n'étions pas prêt à écouter. oh ! oui ! je sais. tout cela est flou. est-ce vraiment important ? cette fois. c'est bouclé. probablement définitivement. il refait le coup. c'est donc la dernière sortie sur Young Girls et sur les autres labels. il nous laisse faire. il ne sortira plus rien. ça a été quelque chose de l'écouter, de le lire.
Yves Billet, août 2010.

Depuis plusieurs mois, je voue une admiration sans faille à tout ce que j’ai pu entendre de Maurizio Bianchi : morceaux récents ou oeuvres plus lointaines, datant du tournant fertile qui s’est opéré entre la fin des années 70 et le début des années 80. Bianchi opère dans une sphère assez inatteignable. Bien sûr, sa musique pourrait être réduite à plusieurs dénominations faciles : industrielle, drone, post-punk, noise… Pourtant, rien de tout cela, au fond : Bianchi manipule des sons, qu’il laisse s’éterniser comme on regarderait vaciller une flamme, ou mourir les bruits d’un être proche. Sa musique évoque des instants cendrés, comme ceux que l’on trouve au bout de pellicules vieillies, de vinyles rincés. Il y a de l’hypnose et de la folie entravée, une sorte de regard maladif sur un monde qui l’est plus encore, pleinement malade. Pas facile de pénétrer dans son oeuvre, pourtant, une fois à l’intérieur, on n’en sort plus. On en sort d’autant moins lorsque l’on se rend compte qu’en plus d’éditer des morceaux sous son propre nom, il faisait aussi des merveilles sous le pseudonyme de Sacher-Pelz et qu’il continue, aujourd’hui, à sévir avec un bonheur fou.
Joseph Ghosn